- par JMR
- Jun 21, 2023
René Maran (1887–1960) était un écrivain et diplomate guyanais, reconnu comme le premier écrivain d'outre-mer à recevoir le prix Goncourt en 1921 pour son roman "Batouala". Bien que son œuvre majeure soit en français, elle explore des thèmes liés à la Guyane et à la condition humaine.
Né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui transportait ses parents d'origine guyanaise à Fort-de-France en Martinique, René Maran est souvent identifié comme un écrivain martiniquais. Son enfance s'est déroulée en Guyane française, et ses études l'ont conduit en France, notamment à Bordeaux et à Paris. Sa carrière diplomatique l'a ensuite amené à représenter la France dans plusieurs pays, parmi lesquels le Congo, le Sénégal, la Colombie, et le Brésil, exerçant une influence significative sur son œuvre littéraire.
Son roman de 1921, "Batouala,", offre une vision poignante de la vie en Afrique équatoriale française, abordant des thèmes tels que le colonialisme, la violence, et l'exploitation. La consécration est venue avec l'attribution du prix Goncourt, faisant de Maran le premier écrivain noir à recevoir cette distinction.
En plus de son engagement littéraire, René Maran était un ardent anticolonialiste, dénonçant ouvertement les injustices du colonialisme et militant pour les droits des peuples colonisés. Parmi ses autres œuvres notables figurent "Le Livre de la Brousse" (1922) et "Un homme pareil aux autres" (1947).
En 1912, Maran est nommé administrateur en Oubangui-Chari, mais il démissionne en raison des controverses suscitées par "Batouala" et sa préface critique du colonialisme.
Considéré comme un précurseur de la négritude, Maran avait une vision complexe de ce mouvement, parfois y percevant un aspect raciste plutôt qu'une nouvelle forme d'humanisme. Son œuvre, traduite en 16 langues, continue d'être étudiée dans les lycées.
En 1917, il participe à une mission de prophylaxie de la maladie du sommeil, dirigée par le docteur Eugène Jamot.
En 1919, encouragé par son ami Philéas Lebesgue, homme de lettres rencontré à Beauvais, il achève son roman "Batouala" et le présente dès 1920 à l'Académie Henri Régnier. La préface du roman dénonce certains aspects de la colonisation, suscitant controverses et inimitiés.
Malgré cela, il remporte le prix Goncourt le 14 décembre 1921 pour "Batouala", alors sous-titré "véritable roman nègre".
Le 9 août 1927, il épouse Camille Berthelot à Paris, lui offrant un foyer et un soutien moral considérables dans sa carrière littéraire, aux côtés de ses amis les plus proches, Félix Eboué et Manoel Gahisto. Dans les années 1930, il fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal, y rencontrant des personnalités influentes telles que Léopold Senghor, Aimé Césaire et Jean Price Mars.
René Maran est décédé à Paris le 9 mai 1960. Son impact sur la littérature anticolonialiste et sa contribution à la reconnaissance des voix issues des colonies demeurent indéniables.