- par JMR
- Oct 21, 2023
En ce jeudi 14 février 1974, les événements tragiques se sont déroulés alors que les gendarmes ont ouvert le feu sur les ouvriers agricoles en grève depuis la mi-janvier.
Envoyés à Basse-Pointe au nord de la Martinique, pour assurer la protection de l'habitation Chalvet, environ 200 gendarmes, soutenus par un hélicoptère, ont méthodiquement encerclé les grévistes avant de recourir à des tirs réels.
Le massacre de la Saint Valentin a entraîné la perte de deux vies humaines : Ilmany Sérier et Georges Marie-Louise. Outre ces pertes tragiques, de nombreux autres ont été blessés, laissant une marque profonde dans l'histoire sociale de la Martinique.
Ce soulèvement ouvrier ne peut être compris isolément, mais doit être envisagé dans le contexte plus large des mouvements sociaux qui secouent le pays depuis 1971. De nouveaux secteurs, tels que les salariés des banques et de la Sécurité sociale, se sont joints aux luttes ouvrières, renforçant ainsi le mouvement.
La révolte des personnels de France-Antilles contre le monopole du groupe Hersant, ainsi que la mobilisation continue des travailleurs traditionnels, ont contribué à l'intensification des revendications. En outre, un mouvement lycéen puissant a coexisté avec les syndicats enseignants et autres organismes du secteur public, ajoutant une dynamique supplémentaire à la contestation.
La Martinique, touchée par le premier choc pétrolier, a été confrontée à une inflation galopante et à un chômage persistant. Les salaires et les allocations familiales étaient nettement inférieurs à ceux de la France, aggravant ainsi les difficultés économiques. De plus, les conditions politiques, avec des enquêtes administratives et policières sur les diplômés revenant de France en quête d'emplois, ont alimenté le mécontentement général.
Le mouvement des ouvriers agricoles, principalement ceux de la banane, s'est démarqué dans ce contexte de troubles sociaux. La crise mondiale du sucre et la fermeture de nombreuses usines ont précipité leur mobilisation, avec des revendications allant de l'augmentation des salaires à la lutte contre l'utilisation de pesticides dangereux.
Lorsque la grève a éclaté le 17 janvier 1974, dans les plantations bananières de la zone Nord-Atlantique, elle s'est inscrite dans un contexte économique et social critique. Le choc pétrolier de 1973 a amplifié les revendications sociales et les grèves se sont multipliées dans divers secteurs, de l'imprimerie aux hôpitaux, en passant par les usines sucrières et les banques.
Face à cette agitation généralisée, les ouvriers agricoles ont levé leur voix pour exiger des conditions de travail dignes et des salaires justes, contribuant ainsi à une période de lutte intense et de changement social en Martinique.