- par JMR
- Jun 21, 2023
Ti Émile, de son véritable nom Emmanuel Caserus, demeure un artisan infatigable du renouveau des chants et danses du monde rural martiniquais. En tant que grand maître du Bèlè, du Danmyé, du Kalennda et du Ladja, sa voix exceptionnelle a su nous immerger dans les sonorités du tambour, ses mystères, et ses chants populaires tels que "Manzè Marijàn", "An ti kanno", "Alé maryé bouwo", et "Abraham soulajé mwen".
Issu d'une famille nombreuse, Ti Émile quitte l'école à l'âge de 13 ans pour soutenir sa mère dans l'éducation de ses huit frères et sœurs, devenant ainsi ouvrier dans les plantations agricoles de la Samaritaine. Son chant accompagne le labeur des hommes lors de la coupe de la canne à sucre ou des Koudmen, illustrant parfaitement les moments d'effort dans la vie quotidienne.
Ti-Émile, dont la passion pour le rythme des mornes de Sainte-Marie a débuté à l'âge de 13 ans, s'est imposé comme une figure majeure de l'art du Bèlè, une des musiques traditionnelles de la Martinique, dont il est devenu le parrain. Initié aux côtés des anciens, il a construit sa propre identité artistique et s'est forgé une réputation.
Son talent a été remarqué lors de fêtes patronales, attirant l'attention d'Aimé Césaire, alors maire de Fort-de-France. Impressionné par ses compétences, Césaire lui a proposé d'enseigner l'art du Bèlè au centre culturel de Dillon.
Pendant deux décennies, Ti Émile a été un acteur culturel dédié à la formation folklorique, aux spectacles avec son ballet, et à la production de ses disques. Dès les années 50, il a fréquenté les studios d'enregistrement, laissant une empreinte indélébile avec des morceaux tels que "Pol polo", "Sonia contan siro", "Ti canot", "Marie-Jeanne", "Mabèlo", "Bénézouel", "Madeleine", et "cho i cho" (remixé par DJ Jeff en 2018).
Le dernier chant de Ti-Émile remonte à 1991, alors qu'il luttait contre la maladie. Il a participé à l'album "Ethinokolor - Vol.2" (héritage tambou-a), dirigé par le pianiste, auteur-compositeur Ronald Rubinel.
Quelques mois plus tard, le 10 mars 1992, Émmanuel Casérus s'éteignait à l'âge de 66 ans.
En juin 2017, la "maison du Bèlè" à Sainte-Marie a honoré Ti Émile en inaugurant un buste à son effigie, coiffé de son chapeau bakoua, célébrant ainsi la mémoire du chanteur, auteur, compositeur et danseur qui a laissé une empreinte indélébile dans le patrimoine culturel martiniquais.