Napoléon Bonaparte et le rétablissement de l’esclavage : une page sombre et méconnue de l’histoire de France

Napoléon Bonaparte (1769-1821), figure majeure de l’histoire française et européenne, a entretenu une relation complexe et controversée avec la question de l’esclavage.

Si la Révolution française avait aboli l’esclavage dans les colonies en 1794, Napoléon, une fois au pouvoir comme Premier Consul, choisit de revenir sur cette avancée majeure en rétablissant l’esclavage en 1802, une décision qui continue de susciter débats et indignation.

Une décision motivée par le pragmatisme politique et les intérêts économiques

Le rétablissement de l’esclavage par Napoléon ne s’explique ni par une idéologie raciste, ni par une volonté humaniste, mais bien par un calcul politique et économique. À l’époque, la prospérité des colonies françaises, notamment dans les Antilles, était perçue comme dépendante du travail servile. Napoléon estimait que la puissance et la survie de la France passaient par la possession de colonies prospères, stratégiquement essentielles dans la lutte contre le Royaume-Uni.

Comme il le confia lui-même :

« La décision de détruire l’autorité des Noirs à Saint-Domingue n’est pas fondée sur des considérations de commerce et d’argent mais sur la nécessité de bloquer à jamais la marche des Noirs. »

Cette phrase, rarement citée dans les manuels scolaires, éclaire la dimension politique et répressive de sa politique coloniale, bien au-delà des seuls intérêts économiques.

Conséquences: résistance et naissance d’Haïti

Le retour à l’esclavage a provoqué une résistance farouche, notamment à Saint-Domingue (actuelle Haïti), où les anciens esclaves, menés par Toussaint Louverture puis Jean-Jacques Dessalines, se sont révoltés. Cette lutte aboutira à la bataille de Vertières en 1803, une victoire décisive des insurgés noirs, qui n’est que trop rarement enseignée dans les programmes scolaires français.

Cette bataille marque la naissance d’Haïti en 1804, première république noire indépendante du monde, fruit direct de la politique répressive de Napoléon.

Un héritage controversé et occulté

Le rétablissement de l’esclavage par Napoléon a eu des conséquences durables : perte de Saint-Domingue, affaiblissement des ambitions coloniales françaises, et surtout, une cicatrice profonde pour les descendants des esclaves. Cette facette sombre de l’Empereur, souvent occultée dans les récits officiels et les manuels scolaires, mérite d’être pleinement reconnue et enseignée, notamment à travers des événements majeurs comme la bataille de Vertières, symbole de la résistance à l’oppression.

En résumé:

Napoléon a rétabli l’esclavage en 1802 pour des raisons politiques et économiques, au mépris des idéaux révolutionnaires. Sa politique a provoqué la révolte et l’indépendance d’Haïti, après la bataille de Vertières, un épisode encore trop absent des manuels scolaires.

Sa propre justification, « la décision de détruire l’autorité des Noirs à Saint-Domingue n’est pas fondée sur des considérations de commerce et d’argent mais sur la nécessité de bloquer à jamais la marche des Noirs », révèle la dimension stratégique et répressive de son action. Pour une histoire complète de Napoléon, il est essentiel de ne pas éluder son rôle dans le rétablissement de l’esclavage et ses conséquences, notamment la naissance d’Haïti, fruit de la résistance noire à la politique impériale.